Découvrez-ci après l'article écrit par Eric Buelly, Atelier Tupelo lors de la prise en main de ce modèle pour sa restauration ! 

"Gros travail pour cette Gibson que je daterais de 1975 à 1977, le numéro de série est difficilement lisible, mais d'un point de vue cosmétique, on devrait se trouver dans cette période, donc c'est une des dernières produites. Habituellement ce n'est pas les meilleures séries de Gibson, période Norlin souvent décriée et à juste titre. Arrivée à l'atelier, la guitare est injouable, et il me faudra de longs moments de réflexions avant de savoir comment aborder la restauration....Action haute, chevalet fendu, un barrage décollé et contre-plaque fatiguée...première chose, checker si un reset est envisageable...la colle utilisée et qui apparait lors des premiers tests de décollage ne permet pas l'opération sans de gros risques de casse. Les Gibson de cette période ne sont pas les plus faciles à réparer et pour cause.... Après plusieurs mesures, et différentes tentatives, la décision est prise de changer la touche, de toute façon pas très épaisse. Le manche sera alors légèrement raboté côté tête afin de modifier ainsi le renversement, premiers dixièmes de mm gagnés. Ensuite après avoir préparé la touche, binding et incrustations, elle sera calibrée en sifflet, c'est à dire moins épaisse en tête que côté caisse, encore quelques dixièmes de gagnés. Un nouveau chevalet sera alors fabriqué en respectant à la fois sa masse et une hauteur en adéquation avec mes calculs de renversement. Une fois le tout en place, nouvelles mesures, le but semble atteint, mais avant d'aller plus loin, la guitare est mise sous tension afin de m'assurer que ce dernier check ne modifiera pas exagérément mes calculs....c'est nickel, je peux passer au refrettage complet. Nouveau sillet en os. La guitare a subi il y fort longtemps une casse de tête, peu important car n'apparaissant pas sur les radios effectuées ( merci Aurelien), très bien réparée elle nécessite néanmoins une retouche de teinte pour être cachée....je procède donc à une reprise, et 2 couches d'overspray permettront de garder le côté rustique du manche et de jointer plus idéalement le binding avec le reste du manche. Une fois remontée, toujours cette petite angoisse de savoir si les choix étaient judicieux et si le son sera au rendez vous.... tout ça disparait dès le premier accord de Sol, on est en présence d'une guitare de songwriter, bel équilibre, de beaux graves, une guitare prévue pour un jeu au médiator, moins efficace en picking....étonnant je la rapprocherai plus d'une Martin de la même époque, bien que le médium Gibsonien nous rappellle qu'on est bien en présence d'une fille de Kalamazoo...Pour info, la SJ deluxe est la dernière évolution de la Southern Jumbo, modèle qui a beaucoup évolué au fil du temps. Celle ci des années 70 donc, présente une caisse type "square shoulders", un diapason de 25"300 et le fameux double X pattern, souvent décrié, les repères Block, et le double binding noir/blanc.

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